Skip to main content

Un Yin, un Yang, c’est le Tao.

17
Oct, 2025

Si vous êtes novice dans les pratiques taoïstes, il y a de fortes chances pour que votre connaissance du Tao se réduise, peu ou prou, au célèbre symbole du Yin Yang.


Cela est déjà une bonne base en effet. La problématique est qu’elle est souvent accompagnée d’interprétations totalement erronées. Et cela est tout à fait compréhensible, tant la pensée chinoise diffère de la nôtre en Occident.
Tentons de remettre un peu de sens dans la compréhension du Yin Yang.

La description classique du Yin Yang se présente sous la forme suivante :
« Ce qui est clair et léger monte et se disperse, formation du Ciel, c’est le Yang ;
Ce qui est lourd et obscur descend et se concentre, formation de la Terre, c’est le Yin. »

Le premier constat à faire sur cette sentence est que le principe Yin Yang est un principe de mouvement : le Yang monte et le Yin descend.
Donc : le Yang n’est pas en haut, il monte et le Yin n’est pas en bas, il descend.

Étant décrit par un phénomène de mouvement, il devient difficile voire dangereux de décrire ce Yin Yang par un tableau séparant les deux aspects.

En particulier, voici quelques raccourcis très fréquents mais totalement erronés et donc faussant la compréhension et tout l’intérêt de l’usage du concept du Yin Yang :

  • « L’homme est Yang, la femme est Yin »
  • « C’est le bien et le mal »
  • « Dans le Yin il y a du Yang ; dans le Yang il y a du Yin »

Même si cela part d’une bonne intention, ces formulations n’aident pas vraiment à intégrer et se nourrir du concept du Yin Yang, pourtant juste et précieux.
Essayons d’ouvrir quelques aspects de ce concept sur lequel de nombreux livres ont été écrits, donc modestement !

Le symbole ancien du Yin Yang se présente sous la forme d’une montagne dont une face est éclairée par le soleil et l’autre est à l’ombre. Cette forme traduit un élément : le Yang est un aspect soumis à la chaleur, donc se réchauffant et, sous cette influence, engendre l’élévation des masses d’air vers le Ciel et l’assèchement du sol ; de l’autre côté, la face non éclairée reste sombre, froid et, sous cette influence, engendre l’alourdissement des masses d’air, l’humidité.

Mais allons plus loin dans cette image : deux montagnes l’une à côté de l’autre. L’air non réchauffé descend dans la vallée formant la rosée et alimentant les rivières. Au fond de la vallée, le soleil commence à éclairer la face sud de l’autre montagne. L’air se réchauffe, l’humidité remonte, et additionnée de l’ensoleillement, favorise les cultures.

De cette manière, nous observons qu’au maximum de Yin, naît le Yang ; et qu’au maximum de Yang, naît le Yin.
Il s’agit donc bien d’un engendrement.

**Retenons ceci : le Yin Yang est une loi d’engendrement.

Regardons le Yang quelques instants :
Le Yang monte. Par ce fait, il s’expanse, réchauffe. C’est la formation du Ciel. Par extension, le Yang manifeste, exprime. C’est donc le symbole associé à ce qui produit, émet.

Regardons le Yin quelques instants :
Le Yin descend. Par ce fait, il se concentre, refroidit. C’est la formation de la Terre. Par extension, le Yin reçoit, imprime. C’est donc le symbole associé à ce qui réceptionne.

Par cette nature, le Yang qualifie le principe masculin qui donne alors que le Yin qualifie le principe féminin qui reçoit.
Et par cette symbolique, le Yang est représenté par un trait continu alors que le Yin est représenté par un trait discontinu.

Ces deux types de traits forment la naissance des trigrammes et des hexagrammes utilisés dans le Yi Jing.

Allons encore un peu plus loin dans une lecture naturaliste :

Le Yang monte, disperse, croît.
Le Yin descend, concentre, décroît.

Qu’en est-il dans une lecture saisonnière ?

  • La saison où l’on observe la croissance est le printemps (germination) ; c’est ce que l’on appelle le jeune Yang, Shao Yang, ou Yang tempéré par le Yin car l’hiver est encore présent (terre encore froide).
    D’ailleurs le proverbe populaire ne dit-il pas « en avril ne te découvre pas d’un fil » ?
  • La saison où l’on observe la décroissance est l’automne (chute des feuilles) ; c’est ce que l’on appelle le jeune Yin, Shao Yin, ou Yin tempéré par le Yang car l’été est encore présent (la terre est encore chaude) et l’on peut encore profiter de belles journées ensoleillées.

Nous avons donc ici les natures simples du Yang et du Yin qui s’expriment dans un équilibre. Ce sont les espaces médians :

  • « Simplement Yin, simplement Yang »
  • « Au confluent des énergies de la Terre et du Ciel, les dix mille êtres s’animent »

Ces deux saisons, printemps et automne, sont douces et confortables.

Qu’en est-il alors de l’été et de l’hiver ?

  • L’été, c’est le maximum de Yang, le Grand Yang, Tai Yang. C’est un excès. Il fait chaud, voire trop chaud. Les végétaux ont déjà poussé, les arbres commencent à former leurs fruits et les herbes jaunissent. Ce grand Yang est caractérisé par deux traits Yang, il ne bénéficie pas de modération par le Yin. Tai Yang est excessif. Et ce grand Yang, été donc, contient en son sein la naissance du Yin : à partir du 22 juin, les jours commencent à raccourcir.
  • L’hiver, c’est le maximum de Yin, le Grand Yin, Tai Yin. C’est un excès. Il fait froid, voire très froid. Les plantes fragiles, non rentrées, gèlent et meurent. Les arbres ont complètement perdu leurs feuilles. La sève est redescendue dans les racines. Ce grand Yin ne bénéficie pas de modération du Yang. Tai Yin est excessif. Et ce grand Yin, hiver donc, contient en son sein la naissance du Yang : à partir du 22 décembre, les jours commencent à rallonger.

Cette dynamique Yin Yang permet d’observer les mouvements contraires, ou plutôt complémentaires. Des caractères contraires, mais non séparés car animés par un engendrement mutuel.

Jeune Yin et jeune Yang

  • Le jeune Yin, Shao Yin, associé au printemps, ne contient pas de Yang, mais il est tempéré par le Yang.
  • Le jeune Yang, Shao Yang, associé à l’automne, ne contient pas de Yin, mais il est tempéré par le Yin.
  • Le grand Yang, Tai Yang, associé à l’été, n’est pas tempéré par le Yin, c’est l’excès de Yang, mais il contient la naissance du Yin, Lao Yin.
  • Le grand Yin, Tai Yin, associé à l’hiver, n’est pas tempéré par le Yang, c’est l’excès de Yin, mais il contient la naissance du Yang, Lao Yang

Le Yin Yang nous apprend à rester équilibré, à ne jamais être exclusif, car cette exclusivité est le début du retournement.

Le Yin Yang se trouve en chacun de nous, homme, femme, équilibré et harmonisé. Chacun a en son être un potentiel d’expression Yin et Yang équivalent. Ces potentiels seront plus ou moins favorisés par notre énergie d’incarnation, de naissance, décrite par le Ba Zi, mais cela est un autre sujet…

Le Yin Yang nous dit qu’il ne faut ni d’excès, ni de défaut, ni de défaut d’excès, ni d’excès de défaut.

Le Yin Yang nous apprend la loi d’engendrement : chaque état est issu d’un état précédent de nature différente mais non complètement séparée, et précède un état par la voie d’une transformation vers un autre état, non complètement séparé, mais d’une nouvelle forme de manifestation.

Le Yin Yang nous apprend la loi de la nutrition :

  • Un Yin engendre un Yang ;
  • Un Yang engendre un Yin.

Le Yin Yang à n’être point exclusif, catégorique, radical.

Le Yin Yang nous apprend que l’équilibre est la nature même du Tao.